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dimanche 2 août 2009

La disparition de l’Africaine à la cigarette


Vous souvenez-vous de l’affaire de la pipe de Jacques Tati, disparue des affiches faisant la promotion de l’exposition de la Cinémathèque française consacrée au réalisateur ? Si votre mémoire a besoin d’un petit rafraichissement, faites donc un tour sur la République des livres.

Comme le disait alors Pierre Assouline, « le principe de précaution a encore frappé ». Cette fois-ci non pas dans les couloirs du métro, mais sur les devantures des bureaux de presse et autres kiosques à journaux. Sur l’affiche de promotion du dernier numéro de Courrier International, dont j’évoquais récemment le dossier consacré à « l’Afrique telle qu’elle s’écrit », la cigarette a disparu du sourire doux et espiègle de la femme qui fait la « une » de l’hebdomadaire.

Ras-le-bol de cette aseptisation visuelle ! Tati sans sa pipe, ce n’était plus Tati ; cette « une » sans la clope n’a plus la même signification, la même portée. Certes, on ne sait pas qui est cette femme, tout ce qu’on sait, c’est qu’il s’agit d’une photo prise par Deborah Metsch à Accra, en 2001. Mais, ayant lu le dossier de Courrier International, j’avais personnellement mis cette photo en résonance avec l’article du romancier kényan Binyavanga Wainaina, intitulé « Ah, ces fantasmes de Blancs !».

L’article, lui-même très (trop ?) caricatural, parle de ces « écrivains et journalistes occidentaux qui, pour évoquer le continent, ne reculent devant aucun cliché » ; et qui se complaisent dans la description du supposé sous-développement économique, social et culturel de l’Afrique. Pour moi, cette photo d’une Africaine fumant est un pied-de-nez à ces clichés : image symbole d’une libération des mœurs – sans compter le petit air artistico-intellectuel que peut donner une cigarette, il faut bien l’avouer…

Bref, je ne connais pas les dessous de cette disparition – était-elle juridiquement obligatoire ou s’agit-il d’un abus de zèle d’un prude censeur ? –, mais je trouve cela dommage… et irrespectueux vis-à-vis de la photographe, dont je vous invite par ailleurs à visiter le site.

1 commentaire:

  1. Bonjour. Il ne faut pas s'étonner de telles stupidités avec cette chape de plomb moralisatrice qui recouvre notre pays depuis plusieurs années. J'ai ajouté ton lien à mon blog.
    Hervé.

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